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PARENTS

MOTIVATION ET GESTION DU STRESS CHEZ L'ENFANT EN PERIODE D'EXAMEN

Le rôle clé des parents

Les examens approchent, et à la maison, l’ambiance est parfois électrique. Entre les soupirs, les nuits courtes et les « je n’y arriverai jamais », nombreux sont les parents qui s’inquiètent : comment l’aider sans en faire trop ? Comment motiver sans stresser ? Comment poser un cadre sans pression excessive ?

La période des examens est une étape charnière dans la scolarité d’un enfant. Elle vient souvent réveiller doutes, peurs et fatigue — mais elle peut aussi être une magnifique opportunité pour renforcer l’autonomie, la confiance et la relation parent-enfant. Voici comment.

  1. Comprendre les enjeux de cette période

À l’adolescence, le cerveau est en pleine maturation. Les zones liées à la planification, à la gestion des émotions et à la motivation, notamment le cortex préfrontal, ne sont pas encore totalement développées (Giedd et al., 1999). L’enfant peut donc être sincèrement dépassé, sans pour autant manquer de bonne volonté.

En période d'examen, plusieurs facteurs s’accumulent :

  • Pression scolaire (notes, avenir, attentes des enseignants),
  • Pression sociale (comparaison aux autres, peur de décevoir),
  • Fatigue accumulée,
  • Changements hormonaux.

Ces éléments peuvent générer un stress chronique.

Ce stress, lorsqu’il est excessif, entraîne une augmentation du taux de cortisol, qui interfère directement avec l’hippocampe, une structure cérébrale clé pour la mémorisation et l’apprentissage (Lupien et al., 2009). Ainsi, un stress non régulé diminue les capacités cognitives essentielles en période d’examen.

  1. Motivation : comment l’activer et la nourrir

La motivation ne se décrète pas. Elle se construit dans un climat émotionnel sécurisant et stimulant.

La théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 1985) identifie trois besoins fondamentaux à satisfaire pour entretenir une motivation durable :

  • Le sentiment de compétence : Les recherches en psychologie de l’apprentissage (Bandura, 1997) montrent que plus un élève se sent compétent, plus il persévère.

👉 Encouragez les efforts, valorisez les progrès, pas seulement les résultats.

  • L’autonomie : Permettre à l’enfant de faire des choix augmente son engagement et sa motivation intrinsèque (Deci & Ryan, 2000).

👉 Laissez votre enfant organiser ses révisions, avec votre soutien en toile de fond.

  • Le lien social : Le sentiment d’être soutenu par ses proches favorise l’implication scolaire et réduit l’anxiété (Wentzel, 1998).

👉 Maintenez un dialogue ouvert et sans jugement.

Astuces concrètes :

  • Posez des questions ouvertes : « De quoi as-tu besoin pour bien avancer ? »
  • Évitez les comparaisons : elles minent la confiance (Dweck, 2006).
  • Faites des pauses ensemble : des moments agréables relancent la dopamine, favorable à la motivation (Berridge & Robinson, 1998).
  1. Gérer le stress : ni l’ignorer, ni l’alimenter

Le stress n’est pas l’ennemi. En petite dose, il est même moteur (Selye, 1956). Mais quand il devient envahissant, il bloque les apprentissages. Le cortisol, hormone du stress, inhibe l’hippocampe, essentiel à la mémoire (McEwen, 2000).

Signes de stress excessif :

  • Troubles du sommeil ou de l’alimentation,
  • Pleurs ou irritabilité fréquente,
  • Évitement des révisions,
  • Somatisations (maux de ventre, de tête, etc.)

Ce que les parents peuvent faire :

  • Écouter sans minimiser : « Je vois que c’est difficile pour toi. Tu veux m’en parler ? » (Rogers, 1961)
  • Aider à relativiser : Une épreuve ne définit pas une vie.
  • Instaurer des routines rassurantes : horaires fixes, rituels de fin de journée, respiration (Evans & Wachs, 2009).

Exercices simples à proposer :

  • Cohérence cardiaque : 5 minutes, 3 fois par jour. Cette technique améliore la variabilité cardiaque et diminue le niveau de stress (Lehrer et al., 2003).
  • Visualisation positive : Imaginer la réussite augmente la confiance et réduit l’anxiété (Taylor & Pham, 1996).
  • Pause numérique : La réduction de l'exposition aux écrans favorise un meilleur sommeil et diminue l’irritabilité (Cain & Gradisar, 2010).
  1. L’importance du cadre : bienveillant mais ferme

Un enfant stressé a besoin de repères. Un cadre trop laxiste l’insécurise, un cadre trop rigide l’épuise. Le rôle du parent est d’être un adulte stable, cohérent et rassurant. Le style parental dit « autorité bienveillante » est le plus efficace pour la réussite scolaire et l’équilibre émotionnel (Baumrind, 1991).

Suggestions :

  • Instaurer un planning de révisions réaliste, construit avec l’enfant (Zimmerman, 2002).
  • Garantir des temps de repos et de loisirs : essentiels pour consolider les apprentissages (Stickgold, 2005).
  • Interdire gentiment les phrases toxiques : elles affectent l’estime de soi (Harter, 1998).

 

  1. Et si malgré tout… il échoue ?

Rappelons-le : échouer à un examen, ce n’est pas échouer sa vie. Cela peut même être une chance de mieux se connaître, de se réorienter, de se relever. De nombreuses études sur la résilience (Masten, 2001) montrent que ce n’est pas l’échec en lui-même, mais la manière dont il est vécu, qui construit la force intérieure.

L’essentiel est de protéger l’estime de soi. L’identité d’un enfant ne doit jamais être réduite à ses résultats scolaires. Le regard valorisant des parents constitue un facteur majeur de résilience.

 

En résumé

✔️ La motivation de l’enfant repose sur la sécurité émotionnelle, le sentiment de compétence (Bandura, 1997) et l’autonomie (Deci & Ryan, 2000).

✔️ Le stress est normal, mais doit être repéré et régulé pour ne pas inhiber les fonctions cognitives (Lupien et al., 2009).

✔️ Les parents ont un rôle majeur : créer un climat favorable, proposer un cadre souple mais rassurant, valoriser les efforts (Baumrind, 1991).

✔️ Des outils simples (respiration, visualisation, dialogue) peuvent faire une vraie différence (Lehrer et al., 2003 ; Taylor & Pham, 1996).

✔️ La réussite scolaire est importante, mais l’équilibre et la confiance de l’enfant le sont plus encore (Masten, 2001).

👉 Et vous, quel petit pas allez-vous faire aujourd’hui pour accompagner votre enfant ?

 

Bibliographie

  • Bandura, A. (1997). Self-efficacy: The exercise of control.
  • Baumrind, D. (1991). The influence of parenting style on adolescent competence and substance use. Journal of Early Adolescence.
  • Berridge, K.C., & Robinson, T.E. (1998). What is the role of dopamine in reward: Hedonic impact, reward learning, or incentive salience? Brain Research Reviews.
  • Cain, N., & Gradisar, M. (2010). Electronic media use and sleep in school-aged children and adolescents: A review. Sleep Medicine.
  • Deci, E.L., & Ryan, R.M. (1985, 2000). Self-determination theory. University of Rochester Press.
  • Dweck, C. S. (2006). Mindset: The new psychology of success. Random House.
  • Evans, G.W., & Wachs, T.D. (2009). Chaos and its influence on children's development. American Psychological Association.
  • Giedd, J.N. et al. (1999). Brain development during childhood and adolescence: A longitudinal MRI study. Nature Neuroscience.
  • Harter, S. (1998). The development of self-representations. In Damon, W. & Eisenberg, N. (Eds.), Handbook of child psychology.
  • Lehrer, P.M., et al. (2003). Biofeedback and self-regulation. Applied Psychophysiology and Biofeedback.
  • Lupien, S.J., et al. (2009). Effects of stress throughout the lifespan on the brain, behaviour and cognition. Nature Reviews Neuroscience.
  • Masten, A.S. (2001). Ordinary magic: Resilience processes in development. American Psychologist.
  • McEwen, B.S. (2000). The neurobiology of stress: From serendipity to clinical relevance. Brain Research.
  • Rogers, C.R. (1961). On becoming a person: A therapist's view of psychotherapy. Houghton Mifflin.
  • Selye, H. (1956). The Stress of Life. McGraw-Hill.
  • Stickgold, R. (2005). Sleep-dependent memory consolidation.
  • Taylor, S.E., & Pham, L.B. (1996). Why thinking about goals and positive outcomes enhances performance. Journal of Personality and Social Psychology.
  • Wentzel, K.R. (1998). Social relationships and motivation in middle school: The role of parents, teachers, and peers. Journal of Educational Psychology.
  • Zimmerman, B.J. (2002). Becoming a self-regulated learner: An overview. Theory into Practice.