AIDER SON ENFANT A APPRENDRE DE SES ECHECS POUR MIEUX REUSSIR
Aider son enfant à apprendre de ses échecs pour mieux réussir
Chers parents,
L’échec fait partie intégrante du processus d’apprentissage. Pourtant, nombreux sont les parents qui le perçoivent comme une fatalité et une source de souffrance. Cette perception peut inconsciemment être transmise à leurs enfants, freinant ainsi leur développement et leur confiance en eux.
Cet article a pour objectif d’aider les parents à changer leur regard sur l’échec et à découvrir comment ils peuvent accompagner leurs enfants afin de transformer leurs échecs en un levier d'apprentissage et de réussite.
POURQUOI FAUT-IL CHANGER LA PERCEPTION DE L’ECHEC ?
Changer notre perception de l’échec est essentiel pour favoriser un apprentissage efficace et une meilleure résilience chez l’enfant.
Loin d’être un obstacle, l’échec peut être une source précieuse d’enseignements.
Pour mieux accompagner leurs enfants, les parents doivent d’abord comprendre que l’échec ne représente pas une fin en soi, mais une opportunité d’apprentissage. De plus, les découvertes en neurosciences confirment que le cerveau humain se modifie à travers l’expérience et le cycle « essai-erreur », ce qui souligne l’importance de l’expérimentation et de la persévérance dans le développement des compétences.
L'échec comme une opportunité d'apprentissage
Les recherches de Carol Dweck (2006), sur la "mentalité de croissance" (growth mindset) montrent que les enfants développent cette attitude lorsqu’ils sont encouragés à voir leurs compétences comme évolutives plutôt que figées.
Lorsqu'un enseignant valorise l'effort et la persévérance plutôt que le résultat final, les élèves comprennent que leurs capacités peuvent s'améliorer avec du travail et de la patience.
Un enfant qui échoue à un exercice de mathématiques et reçoit des encouragements sur sa méthode et sa réflexion sera plus motivé à essayer de nouveau et à progresser. À l'inverse, les enfants qui perçoivent leurs aptitudes comme fixes ont tendance à abandonner plus rapidement face aux difficultés.
Il faut Encourager cette mentalité (de croissance) dès le plus jeune âge pour favoriser une attitude proactive et résiliente chez nos enfants. Cela leur donnera la confiance nécessaire pour affronter les défis avec persévérance et engagement.
On apprend grâce au cycle essai-erreur
Le cerveau humain est plastique, ce qui signifie qu'il a la capacité de se modifier et de s'adapter en fonction des expériences et des apprentissages. Cette caractéristique, appelée neuroplasticité, permet aux connexions neuronales de se renforcer ou de se réorganiser en réponse aux défis rencontrés. Comme l’a démontré Norman Doidge (2007), cette flexibilité cérébrale favorise l’apprentissage par essais et erreurs. Ainsi, chaque tentative infructueuse constitue une opportunité d’amélioration et de renforcement des compétences.
Exemple inspirant
Rappelons-nous de Thomas Edison, qui après plusieurs milliers d'essais infructueux pour créer l'ampoule électrique, aurait déclaré : "Je n'ai pas échoué, j'ai simplement trouvé 10 000 moyens qui ne fonctionnent pas".
COMMENT AIDER SON ENFANT A DEDRAMATISER L'ECHEC ?
Pour dédramatiser l’échec nous vous proposons deux pistes complémentaires, à savoir :
- La pratique régulière de la bienveillance et du soutien parental
- La verbalisation positive de l’échec
L'importance de la bienveillance et du soutien parental
Par exemple, lorsqu'un enfant rentre à la maison avec une mauvaise note, un parent bienveillant pourrait lui dire : "Je vois que tu es déçu par ce résultat. Parlons-en ensemble pour voir comment tu pourrais t'améliorer la prochaine fois." Plutôt que de se focaliser sur l'échec, cette approche met l'accent sur l'analyse et l'amélioration, renforçant ainsi la confiance et la motivation de l'enfant.
À l'inverse, si l'enfant semble indifférent à sa mauvaise note, le parent pourrait lui poser des questions ouvertes pour comprendre son ressenti : "Comment as-tu trouvé ce test ? Y a-t-il des choses que tu aimerais mieux comprendre ?" En évitant les jugements, cette approche encourage l'enfant à s’ouvrir, à développer une réflexion sur ses apprentissages et à adopter une posture proactive face aux difficultés.
Cette importance du soutien parental est confirmée par la théorie de l'attachement de John Bowlby (1969), qui montre qu'un enfant qui bénéficie d’un attachement sécurisant sera plus apte à gérer le stress et les difficultés. L'important est de lui montrer qu'il est aimé et soutenu, indépendamment de ses résultats.
Verbaliser positivement l’échec
Albert Bandura (1986) a mis en évidence le rôle de l’auto-efficacité : les enfants qui croient en leurs capacités à réussir sont plus persévérants. Il est donc essentiel d’aider son enfant à reformuler ses erreurs de manière constructive.
Exemple parental :
Un parent peut partager une expérience personnelle d'échec et expliquer ce qu'il en a appris pour démontrer que l'erreur est une étape normale du parcours, et qu’on peut s’en servir pour progresser.
TRANSFORMER L'ECHEC EN OPPORTUNITE D'APPRENTISSAGE
Voyons ensemble quelques stratégies concrètes pour aider les enfants à analyser leurs erreurs, valoriser leurs efforts et renforcer leur autonomie dans leurs apprentissages.
Encourager la métacognition
John H. Flavell (1979) a introduit la notion de métacognition, soit la capacité à analyser son propre apprentissage. Encourager un enfant à se poser les bonnes questions après un échec ("Qu’est-ce qui n'a pas fonctionné ? Comment pourrais-je m’améliorer ?") favorise une meilleure assimilation des compétences.
Valoriser l'effort plutôt que le résultat
Les études de Mueller et Dweck (1998) montrent que féliciter un enfant pour son effort plutôt que pour son intelligence encourage la persévérance.
Encourager l'autonomie
La théorie de l'autodétermination de Deci & Ryan (2000) prône l’autonomie et la responsabilisation. Laisser un enfant faire ses propres choix l’aide à mieux rebondir après un échec.
OUTILS ET ASTUCES PRATIQUES POUR ACCOMPAGNER SON ENFANT
Vous rappelant qu’il est important de valider les émotions de l’enfant pour l’aider à dépasser ses échecs sans culpabiliser, je vous propose des outils pour réaliser efficacement cet accompagnement.
Outils concrets pour surmonter l'échec
- Le journal des apprentissages : Inspiré des travaux de Zimmerman (2002), il permet à l'enfant de noter ses erreurs et les leçons apprises.
Cet outil permet à l'enfant de consigner ses erreurs et les leçons qu'il en tire. Pour le mettre en œuvre, fournissez à votre enfant un cahier ou un carnet dédié. Encouragez-le à noter chaque difficulté rencontrée, la manière dont il a essayé de la surmonter, et ce qu'il a appris de cette expérience. À intervalles réguliers (chaque semaine par exemple), discutez ensemble de ses progrès et des stratégies qui fonctionnent le mieux pour lui.
- La "réunion des erreurs" en famille : Une approche collaborative inspirée de l'apprentissage coopératif (Johnson & Johnson, 1999).
Cette approche collaborative favorise un climat familial bienveillant vis-à-vis de l'échec. Pour la mettre en place, organisez une réunion hebdomadaire où chaque membre de la famille partage une erreur qu'il a commise et ce qu'il en a appris. Cela permet de normaliser l'erreur et d'encourager une réflexion collective sur les solutions possibles. Il est important que les parents participent également pour montrer l'exemple et illustrer que l'apprentissage est un processus continu.
- Techniques de relaxation : Les études de Benson (1975) montrent que des techniques de respiration aident à gérer le stress lié à l'échec.
Gérer l'échec implique aussi de savoir gérer ses émotions. Les techniques de respiration, comme la cohérence cardiaque (inspirer profondément pendant 5 secondes, expirer pendant 5 secondes et répéter pendant quelques minutes), permettent à l'enfant de se recentrer après un échec. Introduisez ces exercices sous forme de jeu ou de routine avant les devoirs ou après une journée difficile. Des applications mobiles ou des vidéos guidées peuvent aussi aider à pratiquer ces exercices de manière ludique.
- Des objectifs progressifs et atteignables : Appliquer la méthode SMART (étape par étape) permet à l'enfant de constater ses progrès et de renforcer sa motivation
La méthode SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporellement défini) est un excellent outil pour aider un enfant à rebondir après un échec. Par exemple, si un enfant a du mal avec une matière, plutôt que de viser immédiatement une note parfaite, fixez avec lui un objectif plus progressif : "Améliorer mon prochain contrôle en maths en m'entraînant 15 minutes par jour pendant une semaine". Notez ces objectifs et faites un suivi régulier ensemble pour l'aider à visualiser ses progrès et rester motivé.
Conclusion
Chers parents, L'échec est une expérience inévitable et nécessaire à l'apprentissage.
Au lieu de le redouter, vous pouvez l'utiliser comme un outil puissant pour aider votre enfant à développer sa résilience et sa capacité d'adaptation. Essayez dès aujourd'hui d'adopter une approche bienveillante face aux difficultés de votre enfant : encouragez-le à analyser ses erreurs, valorisez ses efforts et proposez-lui des outils concrets pour progresser.
En faisant de l'échec une étape normale de l'apprentissage, vous lui donnez les clés pour en tirer des enseignements et progresser. En l'accompagnant avec bienveillance et en valorisant son effort, vous l'aidez à développer une attitude résiliente et proactive.
Adoptez dès aujourd'hui ces approches et transformez chaque difficulté en une occasion d'apprentissage et de croissance pour votre enfant, pour persévérer et réussir.
Accompagner un enfant avec bienveillance et lui offrir des outils adaptés, c’est lui permettre de grandir avec confiance et de mieux réussir à long terme.
Dr Francis NIBON
Bibliographie
- Bandura, A. (1986). Social Foundations of Thought and Action: A Social Cognitive Theory. Prentice-Hall.
- Benson, H. (1975). The Relaxation Response. William Morrow & Co.
- Bowlby, J. (1969). Attachment and Loss: Volume 1. Attachment. Basic Books.
- Deci, E. L., & Ryan, R. M. (2000). The “What” and “Why” of Goal Pursuits: Human Needs and the Self-Determination of Behavior. Psychological Inquiry, 11(4), 227-268.
- Dweck, C. S. (2006). Mindset: The New Psychology of Success. Random House.
- Flavell, J. H. (1979). Metacognition and Cognitive Monitoring: A New Area of Cognitive–Developmental Inquiry. American Psychologist, 34(10), 906-911.
- Gottman, J. (1997). Raising an Emotionally Intelligent Child. Simon & Schuster.
- Johnson, D. W., & Johnson, R. T. (1999). Learning Together and Alone: Cooperative, Competitive, and Individualistic Learning. Allyn & Bacon.
- Mueller, C. M., & Dweck, C. S. (1998). Praise for Intelligence Can Undermine Children’s Motivation and Performance. Journal of Personality and Social Psychology, 75(1), 33-52.
- Zimmerman, B. J. (2002). Becoming a Self-Regulated Learner: An Overview. Theory into Practice, 41(2), 64-70.